Bonjour Victor, comment s’est créée My Major Company et pour quelle raison ?
My Major Company est, à la base, un label qui va chercher des financements de manière innovante parce que l’industrie de la musique est en crise et n’a plus assez d’argent pour dénicher de nouveaux créateurs.
Le premier poste de dépense coupé dans l’industrie quand cela va mal, c’est l’investissement sur les jeunes talents.
My Major Company est un label qui veut produire de jeunes talents et qui trouve des financements ailleurs.
Dans le même temps, le grand public veut que l’industrie continue de promouvoir de jeunes talents, Internet est donc un moyen d’aller chercher le grand public et son financement sans aucun intermédiaire.
Néanmoins, My Major Company ne s’est pas crée en opposition avec les majors, c’est juste que les jeunes talents ne signent presque plus de contrat dans les majors.
Quel a été le plus gros challenge à la création de My Major Company ?
Les deux principaux défis ont été de faire connaître la plateforme pour générer du trafic, et faire marché les artistes, pour se créer de la légitimité, et pour en inciter d’autres à proposer leurs projets.
Le principe, est de financer un artiste. Il faut donc qu’il plaise, mais aussi que le fait qu’on puisse le financer soit porté à la connaissance d’assez de gens. Ca s’est fait avec le temps, et en signant des artistes.
La réussite de Grégoire puis de Joyce Jonathan a vraiment joué.
On s’est rendu compte a posteriori, et ça a été une vraie surprise, que l’envie de la part du public était là. Il a juste fallu faire savoir au gens que le principe du financement participatif existait.
Selon vous, le crowdfunding est un moyen de financement complémentaire, ou une révolution ?
On n’a pas vocation à révolutionner entièrement l’industrie de la musique. Il existe des labels qui prennent des risques sur des jeunes talents, ca continuera à exister, et c’est une très bonne chose, car il n’y a pas assez d’argent dans le secteur du financement participatif pour faire tout ce qu’on voudrait faire.
On a conscience qu’on est une alternative. On n’est pas la seule et l’unique solution à la crise de disque.
À l’échelle de l’industrie, on apporte une forme d’évolution, mais à l’échelle d’un artiste, on ne peut pas vraiment dire que le participatif soit complémentaire. Le participatif est le choix d’aller directement à la rencontre de son public, sans les intermédiaires que sont le directeur artistique et les majors.
Il y a des artistes qu’on a signés, qui ont connu le succès car ils sont allés devant leur public, mais qui n’avaient jamais réussi à être signés dans un label ou un major !
D’une certaine manière, le crowdfunding, prend le relais sur une branche que les majors n’arrivent plus à assumer : le lancement des artistes. Après, le système traditionnel fait bien son travail et continue à investir sur un artiste une fois celui ci lancé.
À moyen ou long terme, le crowdfunding est-il révélateur d’une désintermédiation et d’une volonté de la part des consommateurs de mettre en lumière un projet ?
Oui, on croit que les internautes et le grand public veulent consommer de façon plus responsable, plus active, plus directe, plus interactive et plus ludique. Il veut devenir acteur, et veut, plus qu’une simple écoute lorsqu’il paye. Il veut un partage, un échange, et il veut être impliqué, dans les choix artistiques.
Lorsqu’on paye, on veut plus qu’une simple consommation, verticale, directe et unilatérale.
Ainsi, en ce moment, nous développons tout un projet autour du 18ème tome de Largo Winch. Le participatif permet de leur apporter une plus value, car l’éditeur a besoin de financement et de mise en relation pour proposer des expériences extraordinaires, innovantes et exclusives, aux fans de Largo Winch. Cela permet d’impliquer les fans de la saga pour aller plus loin dans l’univers et peser sur l’écriture et la création de Largo Winch.
Et ca, seulement le participatif peut le faire.
C’est donc parce que My Major Company croit en ce modèle du financement participatif qu’il se développe vers d’autres secteurs d’activité ?
Evidemment. Le besoin de financement est généré par la crise du disque et plus généralement par la crise.
Tout le monde a désormais besoin de financement.
Le patrimoine par exemple, nous avons un projet en développement pour le Mont St Michel, et le dôme du Panthéon.
Partout, du fait de la généralisation de la crise, il y a des besoins de financement. Et partout, il y a des besoins de participatif lié, à l’évolution de la société sous l’influence de l’Internet, qui veut que les relations entre les gens qui offrent et les gens qui consomment se désintermédient, s’intensifient, et s’approfondissent.
Le consommateur veut consommer moins et mieux.
Le crowdfunding en général peut-il se dupliquer sur le modèle du crowdfunding musical, ou il y a une approche différente ?
Il y a des choses à adapter, notamment le système de contrepartie. Dans la musique, il y a des possibilités de gagner de l’argent. Ainsi, dans le cadre de la restauration du dôme du Panthéon, personne n’y gagnera de l’argent. En revanche, il y aura une expérience inédite !
Le participatif, c’est du don contre du don. Je donne pour qu’un projet puisse voir le jour, et en contrepartie, ce projet me donne quelque chose d’extraordinaire.
Merci ! Une dernière chose à ajouter ?
My Major Company lance un grand appel à tout les lecteurs du blog offrelégale : Que vous soyez porteur de projet, représentants de grandes marques, d’industrie culturelles ou créatives y compris les pouvoirs publics, les collectivités territoriales : vous avez des rêves, vous avez des projets, vous avez des dossiers qui ont du sens et qui méritent d’exister ? Notre métier c’est de les rendre possible.
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