Pourquoi avoir créé une plateforme de musique ?
La naissance de Beezik c’est d’abord un constat qui remonte à 2008. 95% des titres qui se téléchargent en France se font d’une manière illégale et gratuite, ça c’est le premier constat. Et le deuxième point qui a prévalu la formation de Beezik c’est l’expérience d’un de mes associés, Jean Canzoneri, qui avait créé un label, qui a sorti un remix qui a plutôt bien marché, mais surtout sur les sites pirates. Il s’est dit « c’est quand même dommage que l’on n’arrive même pas à financer la production de ces disques, peut-être qu’il y a d’autres moyens pour le faire ». Et l’idée est née comme ça. On s’est dit, il faut trouver un moyen pour permettre à ces internautes, qui ne veulent pas ou ne peuvent pas payer, de les télécharger gratuitement mais légalement avec un écosystème permettant de financer la création.
Et le concept de Beezik est né comme ça, en se disant : on va identifier des tiers payeurs pour les titres qu’on télécharge. Et ces tiers payeurs ce sont les annonceurs publicitaires. Vous allez dire : « les annonceurs publicitaires, d’autres y ont pensé avant ». Mais le sujet était de trouver un format publicitaire qui soit suffisamment qualitatif pour qu’il puisse monétiser à un niveau tel que cela fasse des vrais reversements aux Ayants Droit, et que cela garantisse la pérennité de la plateforme.
On sait aujourd’hui que les bannières publicitaires ne sont pas suffisantes. L’enjeu est : quel nouveau format ? Quelle innovation pour permettre de financer correctement la création ?
Quel est votre modèle économique ?
C’est extrêmement simple, l’internaute vient sur Beezik et s’inscrit sur Beezik. L’inscription est très simple et gratuite. Nous lui demandons son prénom, son adresse e-mail, son âge et son sexe pour pouvoir lui proposer des publicités qui lui conviennent. Derrière, l’internaute a le choix parmi un catalogue aujourd’hui de plus de 8 millions de titres, parce qu’on a un ensemble de 4 majors, on a les principaux labels indépendants. Et, donc, lorsqu’il sélectionne un titre qu’il souhaite télécharger on lui propose un choix entre 4 publicités vidéo et pour télécharger le titre il doit visionner une publicité vidéo en plein écran pendant tout le temps du téléchargement, ce qui est à peu près 30 secondes. Et à la fin du téléchargement et du visionnage de la publicité vidéo, il doit valider qu’il a vu la publicité vidéo pour avoir définitivement le titre sur son ordinateur.
Quel est l’objectif ? Tout simplement de garantir un annonceur qui offre le titre à un internaute, que sa publicité a été choisie par un internaute et, donc, il est intéressé par son produit et que l’internaute a vu tout le message que l’annonceur voulait lui diffuser.
C’est un schéma très simple : ce que l’on touche de l’annonceur sert à payer le titre et à faire vivre la plateforme.
Choisissez-vous les contenus sur la plateforme ?
Aujourd’hui on travaille en étroite association avec les labels. Je disais qu’on avait plus de 8 millions de titres sur la plateforme. On est en relation avec plusieurs dizaines de labels. Ce qu’il se passe aujourd’hui c’est que les labels nous contactent et nous soumettent leur nouveautés et ce qu’ils souhaitent mettre en avant pour pouvoir correspondre à l’actualité du moment où celle à venir dans les jours qui suivent. Et on travaille en parfaite synergie pour essayer de satisfaire au maximum leur desiderata et mettre en avant ce qui correspond à leur actualité.
On fait ça avec tous ceux qu’on diffuse évidemment, maintenant c’est vrai qu’on est particulièrement efficaces avec les labels indépendants français. Pour des raisons très simples qui sont des raisons de proximité. A savoir qu’il est plus facile de travailler avec le label indépendant français qui est à quelques rues de chez nous et qu’on rencontre régulièrement et qu’on sait exactement comment il fonctionne et comment on peut l’aider à promouvoir un artiste que de travailler avec des labels que parfois sont à plusieurs milliards de kilomètres et donc, forcément, la relation est moins évidente. C’est d’ailleurs ce qui explique que les indépendants français aujourd’hui aient une part du marché sur Beezik qui est bien supérieure à celle qu’ils ont sur les autres plateformes traditionnelles.
Quelles sont les actus principales de Beezik ?
L’actualité est riche en ce moment, depuis maintenant quelques semaines. Si je remonte aux cinq dernières semaines, la première chose c’est qu’on a intégré en septembre le label Warner donc on est extrêmement contents. C’est un travail de partenariat extrêmement long mais fructueux avec les équipes de Warner France qui ont été très « supporters » du projet pour convaincre les instances internationales du bien fondé de notre modèle. Aujourd’hui, l’ensemble des titres Warner est disponible en temps réel sur le site et, donc, c’est quelque chose qui démarre très bien et ils sont très contents de ce partenariat.
Ça c’est une première actualité. L’autre grande actualité est le lancement de notre nouvelle version du site web. Le site Beezik avait été lancé en septembre 2009 et il n’avait pas été refondu. Il avait été amélioré, il y a eu des nouveaux services, mais il n’avait pas été refondu depuis. On vient de sortir une nouvelle version complète du site qui est plus ergonomique, plus efficace pour l’internaute, et plus moderne. La nouvelle version est également beaucoup plus efficace en termes de référencement sur les moteurs de recherche. Lorsqu’on tape un titre ou un artiste sur un moteur de recherche ce sont des sites illégaux qui sortent en premier. Donc, le site Beezik a été conçu techniquement pour essayer de passer devant les sites illégaux dans le référencement.
Le troisième point d’actualité c’est qu’on vient également de lancer un nouveau « client lourd ». C’est quoi un « client lourd » ? C’est un player musical qu’on a développé nous-mêmes et qui est compatible avec l’ensemble des standards musicaux : AAC, WMA, MP3, etc., et des systèmes d’exploitation : mac, linux, windows, etc. L’objectif de ce player est simple : permettre une expérience de lecture optimisée pour tous les internautes qui téléchargent Beezik en facilitant la lecture et l’utilisation de leurs titres et en rendant compatible l’ensemble des titres qu’ils ont sur l’ordinateur avec ce player. Il a été lancé il y a maintenant quelques jours et en ce moment on a de très bon retours des internautes.
Un dernier mot à ajouter ?
Nous avons une merveilleuse relation avec les internautes depuis trois ans, il faut savoir que Beezik aujourd’hui ce sont 4 millions de membres inscrits sur Beezik, sans communication particulière ni marketing. Nous sommes extrêmement reconnaissants des internautes d’avoir fait fonctionner ce « bouche à oreille ». Aujourd’hui, le message qu’on adresse est simple : il n’y a plus de fatalité à pirater parce qu’on ne veut pas ou qu’on ne peut pas payer sa musique, il y a une solution et c’est celle de Beezik. C’est gratuit, c’est légal et ça respecte, surtout, l’ensemble de la création parce que ça rémunère les Ayants Droit. Donc, arrêtez d’utiliser les sites illégaux et profitez de ce qui existe !