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Les industries créatives : pôles d’excellence de la France, comme « le bon vin, la bonne bouffe et la mode »

3 mars 2014

En marge de l'atelier Culture & Entreprenariat du 6 mars, nous avons rencontré Yann Gozlan, fondateur de creative Valley, un incubateur et une pépinière d'entreprise localisée dans le Val de Marne.

Interview creative valley from Hadopi on Vimeo.

Pourquoi avoir lancé un incubateur ?

J’ai créé et lancé Creative Valley parce que je pense que le Val de Marne est un lieu extraordinaire. Nous avons un nombre très important d’écoles, d’universités d’excellence, notamment dans l’univers du logiciel. Je suis très proche de l’Epitech, qui est de mon point de vue, la meilleure école informatique de France. C’est une école qui a une vraie assise (Paris, le Kremlin-Bicêtre, 12 villes de province). On s’est demandé s’il n’était pas possible de faire comme à Stanford ou à Fudan Da Xue en Chine et de construire un véritable cluster d’entreprise autour de cette école. Aujourd’hui on est un incubateur c’est vrai, mais on est avant tout une solution complète pour une entreprise pendant toute sa durée de vie, du démarrage de l’idée jusqu’à l’introduction en bourse.

Quel sont les avantages pour une entreprise de passer par Creative Valley ?

On accompagne beaucoup d’entreprises issues de l’industrie créative, qui constitue un pôle d’excellence et d’intérêt pour nous. Cette année, nous sommes aussi devenus incubateur de l’école MELIES qui est une des meilleures écoles d’effets spéciaux en France. Des étudiants de cette école ont travaillé sur des films comme Harry Potter ou le Hobbit. Cela nous donne une forte sensibilité à cette question des contenus culturels.  Il y a déjà des étudiants de l’Epitech et de l’école MELIES qui travaillent sur des projets transmédias. Il y a aussi des entreprises existantes qui nous ont rejoint chez Creative Valley parce qu’elles considèrent que c’est un lieu unique où on a à la fois l’excellence informatique et cette ouverture sur les industries créatives. On a également travaillé avec des écoles comme Les Gobelins ou Isart digital qui nous ont amené leurs talents et qui ont donné les moyens à des projets à très fort potentiel de voir le jour.

Est-ce que des startups culturelles passent par Creative Valley ?

Aujourd’hui, 40% des entreprises hébergées au Kremlin Bicêtre sont dans le secteur du jeu vidéo, ce qui fait de Creative Valley un des meilleurs endroits au monde pour créer une entreprise culturelle.  On a non seulement un savoir-faire qui est reconnu mais quand on va en Californie, on se rend compte que nos talents sont extrêmement reconnus, populaires et bien payés. Avec la mondialisation je pense qu’on a tout à fait notre place sur ces métiers.

En quoi l’organisation d’un atelier avec l’Hadopi a du sens pour vous ?

Je pense que là on s’inscrit dans une tradition française qui est celle de l’exception culturelle. Jusqu’à la mise en œuvre d’une vraie politique de protection de nos industries culturelles on était en train de casser, de désertifier un secteur d’activité qui a pourtant toujours été un lieu d’excellence et un lieu reconnu sur le plan international. La construction de cette stratégie de défense de nos industries culturelles, que ce soit sur le plan musical avec des quotas, sur le plan de la vidéo avec le soutien du CNC permet l’existence d’une offre internationalement reconnue. Lorsque je me déplace en Asie, j’entends souvent une musique française où je vois souvent des productions françaises au cinéma. Les industries culturelles sont des industries qui créent de l’emploi et qui contribuent à la croissance de notre pays. Je rappelle que les industries créatives sont un des pôles d’excellence de la France, avec « le bon vin, la bonne bouffe et la mode ».

Que pensez-vous de l’accès au financement pour les startups culturelles ?

Je pense qu’il y a un accès au financement qui est global en France, c’est pour ça que Creative Valley s’est associé avec Origin, qui va être la première plateforme de crowdfunding française certifiée par l’AMF (Autorité des marchés financiers). Les canaux traditionnels de financement ne permettent pas de financer l’innovation ou les projets à fort potentiel en France. Nos entrepreneurs ont du mal à se faire financer.  Nous c’est vrai qu’on travaille à des solutions maison pour accompagner les gens qui rejoignent Creative Valley. Je pense aussi que la puissance publique a son rôle à jouer. On a vu que ça a été une immense réussite dans l’univers du cinéma, ou du jeu vidéo. Après, appelons un chat un chat, les industries culturelles sont un peu notre « soft power » et si on veut qu’elles existent dans le monde de demain il faut les soutenir. Regardons le succès de la Corée, qui est devenu une puissance économique majeure parce qu’elle a su construire et développer son industrie culturelle. Le Japon est également un exemple de réussite parce qu’il a une industrie culturelle qui est capable d’influencer les esprits mondialement. Les Etats-Unis ont su construire leur influence sur ce soft power. C'est de l’intérêt des puissances publiques de jouer leur rôle afin que la France ne devienne pas un pays de second rang.

Quelles est l’actualité de Creative Valley ?

C’est vrai qu’on est sur un développement très rapide de Creative Valley. Nous allons ouvrir plusieurs centres notamment sur le territoire du Val de Marne. La grande nouvelle c’est surtout que l'entrepreneuriat a toutes ses chances en France. Si on se met tous ensemble et qu’on travaille de manière collaborative on peut y arriver. Il faut tenter le coup. Essayez, prenez le temps de vous donner les moyens, d’aller au bout de vos projets, de vos idées  et si vous n’y arrivez pas ce n’est pas grave, c’est déjà une expérience extraordinaire.

Pour en savoir plus sur Creative Valley : http://creative-valley.fr/

Et sur Twitter @creative_valley

Pour participer à l’atelier sur le financement des startups culturelles innovantes, cliquez sur ce lien : http://fr.amiando.com/atelierhadopi.html